08/09/2015
Travaux d'aiguille
Dans l’embrasure de la fenêtre
Je dessinais son regard sévère penché sur le travail
Le fil accroché à l’épaule par une épingle de nourrice
Elle filait doux les mailles perlées
Elle inventait
Des points magiques
Qui dessinaient des fleurs
Des branches
Harmonisaient des couleurs rares
Faisaient sourire les frisures
Au creux des nœuds
Même dans l’obscurité le fil la suivait
Sans rechigner
Ses yeux brillaient comme des étoiles
À l’ombre des bergers
Il se faisait douceur ou force tranquille
Selon la partition qu’elle dirigeait
En chef d’orchestre magistral
Et pourtant silencieux
Et moi, petite fille curieuse
Qui avait eu la chance d’apprendre
Les travaux d’aiguille à l’école
Parce qu’une fille se devait encore à l’époque de savoir manier les doigts
Je la regardais hébétée
Les aiguilles suspendues dans l’espace
Sans le ressort des aisselles
Je pensais que ces bras suspendus
Enserrant doucement les barres métalliques
Devaient sentir le poids de la pression
Je me disais qu’elle avait des pouvoirs
Pour lutter contre la pesanteur même infime
Des aiguilles hyperactives
Elle me disait
Dans mon pays
C’est ainsi que l’on travaille
Détaché du corps
En harmonie avec les pensées de l’âme
Qui furètent dans les coins des souvenirs.
11:05 Écrit par Saravati dans Contours insolites | Commentaires (10) | Lien permanent
Commentaires
J'aime les belles écriture sans emphase.
Et c'est bien que tes sujets soient éclectiques.
Écrit par : michèle | 12/09/2015
Répondre à ce commentaireVous m'avez offert là, le voyage à: "il y a 50 ans passés"... et même si je n'ai pas la culture et la sensibilité pour tout comprendre merci Vous.
Pat.
Écrit par : Pat. | 13/09/2015
Répondre à ce commentaire- Moi j'aurais aimer aller me ballader au village ou bien lire dans ma chaambre...Mais bon!
Écrit par : claire06 | 14/09/2015
Répondre à ce commentaireEn Belgique nous tricotions avec les aiguilles calées sous les aisselles, et voici pourquoi j'ai dû abandonner trop tôt ce plaisir: je dois trop plier la nuque et ai développé de l'arthrite... si je savais tricoter "dans l'air" comme la dame que tu décris... je savourerais encore le plaisir de la laine qui passe sur mon doigt, et son odeur avec la peau qui s'échauffe....
Écrit par : Edmée De Xhavée | 14/09/2015
Répondre à ce commentaireJe voulais vous dire à quel point j'apprécie vos somptueuses trouvailles poétiques.
les pensées de l’âme/
Qui furètent dans les coins des souvenirs
j'aurais aimé l'écrire.
Je me contente de le ressentir.
Merci!
Écrit par : Nicole Giroud | 16/09/2015
Répondre à ce commentaireUne belle force poétique et beaucoup de sensibilité dans ce très beau texte. J'envie ta façon de trouver les mots pour dire l'indicible avec tant de justesse et de délicatesse.
Beaucoup aimé aussi les deux versions d'Hector, la vérité ou les vérités? Très talentueux et belle idée en tout cas.
Écrit par : almanito | 17/09/2015
Répondre à ce commentaireÉcrit par : Alezandro | 18/09/2015
Répondre à ce commentairePour moi c'est une aiguille sous le bras et l'autre qui flotte :-)
Écrit par : Pâques | 21/09/2015
Répondre à ce commentaireAu creux des nœuds"
Sublime, merci pour le moment
Écrit par : Visiter Marseille | 22/09/2015
Répondre à ce commentaire@ Pat
Ne soyez pas modeste, les souvenirs, l'Amour ne s'encombrent pas de culture, ils sont et c'est ce qui fait leur valeur à nos yeux...
@ Claire
Moi aussi, je tricotais ... mais pas que les dimanches après-midi !
@ Edmée
Je n'ai pas appris à broder les bavoirs et dans ma famille, il n'y avait pas de trousseau, j'aime la sensation de douceur de la laine. Mais tricoter est un exercice physique qui peut s'avérer fatiguant, comme tu le dis si bien.
@ Marcelle
Mes premiers essais de tricot furent désastreux, un gant de toilette en coton qui était à force de défaisages devenu noir charbon...mais j'ai persévéré ...
Écrit par : saravati | 09/10/2015
Répondre à ce commentaireLes commentaires sont fermés.